bountiya... guej,..fin d'une priode

Quel devenir pour le Site artisanal de transformation de Bountiyé ?

Principal site de transformation artisanale du poisson à Nouadhibou (Mauritanie), Bountiyé a, jusqu’en avril 2010, permis de développer des activités économiques importantes pour une grande partie de la population de l'Afrique de l'Ouest. Ces activités de transformation et de commercialisation des excédents de la pêche ont permis de compenser le manque de moyens et de logistiques de conservation des produits de la mer.

En effet, des milliers de personnes de nationalités diverses (Mauritanie, Sénégal, Mali, Guinée, Nigéria, Ghana, Cote d’Ivoire …) bénéficiaient de cet espace de Bountiyé, et ceci explique en partie la diversité des techniques de transformation qui valorisent l’ensemble de ressources et ses déchets.

Quel aménagement pour quelle société ? Depuis quelques décennies, l’attractivité des milieux littoraux à laquelle est confrontée la plupart des pays côtiers engendre, de plus en plus souvent, des conflits d’usage. Le littoral mauritanien en particulier celui de Nouadhibou n'a pas été épargné surtout ses sites de transformation situés aux abords de l’Etablissement Portuaire de la Baie du Repos (EPBR).

En effet, au mois d’avril 2010, les autorités départementales de Nouadhibou ont contraint les transformateurs du Bountiyé de quitter le site pour des raisons qui demeurent floues jusqu'à présent. Selon les dires des responsables de l’opération de déplacement mobilisés sur place à Bountiyé, plusieurs raisons justifient leur décision de déplacer cette population parmi lesquelles :

- La sécurité des transformateurs : ils prétendent que le site est très proche de l’aéroport de Nouadhibou et survolé d’une manière régulière par des avions au décollage ou à l'atterrissage ce qui le rend vulnérable en cas de catastrophe aérienne (crash).

- La seconde raison est d’ordre environnemental: en effet les décharges se situent à quelques mètres des claies de séchage et tout près de la mer, ce qui pourrait affecter la qualité, à la fois, des eaux de mer ainsi que les produits transformés.

Par contre, les usagers de Bountiyé n’ont pas été convaincus par les explications avancées par les autorités, et ils interprètent chacun à leur façon l’opération entreprise par celles-ci, certains parmi eux avancent une hypothèse selon laquelle le site aurait été vendu aux entrepreneurs chinois qui souhaitent y construire des usines, d’autres pensent que Bountiyé serait une concession appartenant à l’Usine de Ould Abbas située à proximité du site et celle-ci devrait être agrandie ; enfin pour les personnes d’origine étrangères cette opération aurait confirmée la « jalousie » qu’éprouve les autorités publiques à l’égard des étrangers qui intègrent des activités et des sites réservés jadis aux « indigènes ».

Pourtant, d’après plusieurs témoignages, les études ont été réalisées plusieurs mois avant la date de déplacement, avec pour objectif d’équiper cette zone, la réglementer et attribuer des places aux transformateurs, ces derniers devraient payer en contrepartie des taxes d’exploitation et des redevances aux autorités.

Ce déplacement des transformateurs de Bountiyé constituerait les prémisses des phénomènes qui avaient touchés la France et de l’Espagne au milieu du XXème siècle. La situation des littoraux en Mauritanie est comparable à celle des années 1950 et 1970 en France avec des populations qui découvrent de plus en plus ces espaces productifs tant du point de vue économique que du point de vue des loisirs et du tourisme (Mission Racine en Languedoc-Roussillon).

Pour remédier à toute tentative de débordement et de conflits d’usage entre les principaux usagers, les institutions compétentes (à l'occurence IMROP) ont une obligation de mettre en place une « gestion intégrée » qui réunit gouvernements et sociétés, scientifiques et décideurs, intérêts publics et privés dans la préparation et l’exécution du plan sur la protection et le développement des systèmes et ressources côtières et le littoral mauritanien d’une manière générale.

Diagana Tijane (Gestion des milieux littoraux:UBS)






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29/09/2010

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