fil monofilament...article de le renovateur quotidien

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Les pêcheurs mauritaniens semblent déterminés à accompagner leur gouvernement qui a interdit le fil de pêche mono-filament dans la capture des espèces halieutiques dont la prohibition s’est toujours limitée à de simples amendes contre ceux qui l’utilisent.

Nous sommes le 8 août 2010. A quelques encablures du Port de la pêche artisanale de Nouakchott, plus d’une centaine de pêcheurs mauritaniens de la coopérative de pêche artisanale "Le Moole" sont en train de rassembler tous les mono-filaments qu’ils avaient en stock pour les brûler et montrer ainsi le bon exemple. "Aujourd’hui, il n’y a personne qui ignore la dangérosité des mono-filaments. Tous les pays y compris la Mauritanie interdisent leur utilisation. C’est dans cette optique que nous avons décidé d’emboiter le pas au gouvernement en brûlant des ballots de mono-filament que nous, pêcheurs, avions toujours recouru pour pêcher. Et, nous dénoncerons quiconque l’utiliserait. Actuellement, nous avons pris conscience de ses méfaits", a déclaré Yali FALL NDIAYE, président de la Coopérative de pêche artisanale "Le Moole". La Mauritanie est considérée comme étant l’une des côtes les plus poissonneuses au monde, ce qui a pour conséquence, entre autres, d’attirer des pêcheurs étrangers. Face à la surexploitation industrielle et artisanale qui utilise des fils de pêche mono-filament, les ressources halieutiques du pays sont en train de s’acheminer petit à petit vers leur épuisement. D’où ce combat des pêcheurs mauritaniens dont la survie dépend de la mer qui ont appelé leur gouvernement à tout bonnement et simplement interdire l’importation et la vente des mono-filaments qui ont déjà fait des ravages dans des pays comme la Sierra-Léone ou la Guinée Bissau.

Eviter l’irréparable pour sauver nos ressources halieutiques

Et, pour éviter qu’une pareille situation ne se produise en Mauritanie, les pêcheurs ne comptent pas y aller de main morte pour mener la guerre contre l’utilisation de mono-filaments et démasquer ceux qui les introduisent chez nous. "Il est temps qu’on dise stop aux modes de pêche qui sont nuisibles comme l’utilisation du fil de pêche mono-filament. Nous demandons aux pouvoirs publics de nous aider à éradiquer cette pratique de pêche qui est interdite mais qui, malheureusement, continue à être faite clandestinement par certains pêcheurs mauritaniens et étrangers", a expliqué, pour sa part, Mass SARR. Il poursuit : "Les méfais du mono-filament, c’est qu’une fois accroché au rocher, il va continuer à pêcher sur une longue période. Et, tout poisson qui a été piégé par ce mono-filament va pourrir et chasser les poissons. Il n’y aura plus de poison qui va passer dans cette zone-là. Petit à petit, nos zones seront détruites et, à la longue, c’est toute la Mauritanie qui va souffrir du mono-filament. Si, nous ne protégeons pas la mer, c’est à notre détriment. Donc, nous sommes les premiers éléments qui doivent être au devant de ces problèmes-là pour essayer de trouver des solutions."

Renforcer les outils de contrôle

C’est donc clair que les ressources halieutiques sont lourdement menacées de mauvaise exploitation voire d’extinction du fait d’un mode de pêche nuisible. Ceci est d’autant plus vrai qu’elle laisse des séquelles à long terme qui vont, à leur tour, détruire notre écosystème marin.
Cependant, force est de constater que ce combat manque une jambe car la Délégation à la Surveillance des Pêches et au Contrôle en Mer (D.s.p.c.m.) n’est pas suffisamment outillée pour contrôler les pêcheurs et permettre ainsi une exploitation rationnelle et durable des ressources halieutiques.

En conséquence, les pêcheurs qui ont indiqué qu’ils vont accentuer la mobilisation et la sensibilisation autour de la question du fil de pêche mono-filament ont appelé le gouvernement à renforcer les outils de contrôle de la D.s.p.c.m. en terme de patrouilleurs hauturiers, d’embarcations, de stations radars, de postes côtiers…"Nous voulons que la Délégation à la Surveillance des Pêches et au Contrôle en Mer nous associent à ce contrôle", plaide Hassane DIEYE de la Fédération Libre de la Pêche Artisanale (F.l.p.a.).
"Les côtes mauritaniennes sont vastes et la D.s.p.c.m., à elle seule, ne peut pas lutter contre l’utilisation des mono-filaments. La D.s.p.c.m. ignore certains systèmes de pêche que nous connaissons. C’est pour cette raison qu’on demande à être associés afin qu’on l’aide à renforcer son contrôle", indique Brahim GAYE.

Une lutte certes difficile mais pas perdu d’avance

La lutte contre l’utilisation du mono-filament pour capturer des espèces halieutiques s’annonce déjà difficile car les pouvoirs publics n’ont pas encore réussi à mettre à terme l’importation et la vente de ce fil de pêche et les amendes sont loin d’être dissuasives. Néanmoins, les pêcheurs ont déclaré que, désormais, ils vont bouter en dehors de la Mauritanie le mono-filament. "Nous sommes prêts à aller à jusqu’au bout et à dénoncer ceux qui utilisent les mono-filaments, affirme Bouna Sall. Vous avez vu aujourd’hui, nous avons brûlé tous nos mono-filaments. Nous disons qu’on n’acceptera plus jamais qu’on les utilise dans notre pays. Sinon, d’ici, quelques temps, on n’aura plus de poissons."
Aujourd’hui, à côté de l’utilisation du mono-filament, des pêcheurs utilisent des engins de pêche qui ne sont pas autorisés, se cachent derrière des licences expirées et souvent rentrent dans des zones de pêche qui sont interdites. "Les pêcheurs contournent de manière inconsciente les lois. Ils ont énormément payé d’amendes. Ils savent que le mono-filament est interdit en Mauritanie mais ils arrivent toujours à faire des acrobaties pour utiliser le mono-filament nonobstant le fait qu’on les traque sans relâche", édifie Sidi Mohamed NEMANE, chef de l’antenne de la Délégation à la Surveillance des Pêches et au Contrôle en Mer (D.s.p.c.m.) de Nouakchott.

Babacar Baye NDIAYE

copie du RENEVATEUR QUOTIDIEN


12/11/2010

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