Grands fonds marins: à peine connus, déjà menacés

 

 

 

Environnement - L'Institut océanographique se penche sur les grands fonds, des milieux méconnus mais menacés par l'exploitation pétrolière et la surpêche...

On dit souvent que l’on connaît mieux la surface de la Lune que les grands fonds marins, ces fosses et abysses tellement profondes que la lumière du soleil ne les atteint pas. On a même longtemps pensé qu’aucune forme de vie ne pouvait se développer dans cette obscurité.

Pourtant, les dernières explorations, rendues possibles par les nouvelles technologies, ont révélé une biodiversité très riche et très fragile. Alors que l’on commence à peine à connaître les espèces animales et végétales qui peuplent les fonds marins, elles sont déjà menacées par les activités humaines.

Ne pas exploiter les fonds à l’aveugle

«Les grands fonds marins représentent 60% de la surface de notre planète, explique Robert Calcagno, directeur général de l'Institut océanographique et auteur de Les Grands Fonds, Voyage dans un monde méconnu (Ed.du Rocher). Ils sont naturellement l’objet de convoitises: exploitations de pétrole, de minerais rares… Les industriels se tournent vers les fonds marins depuis que les technologies rendent leur exploitation possible. Mais il ne faut pas agir à l’aveugle dans ces zones encore mal connues.»

Puits de pétrole à 3.000m de profondeur, exploitations minières au large de zones protégées comme le banc d’Arguin, en Mauritanie ou dans le Pacifique, au large de Wallis et Futuna: les océans sont les nouveaux lieux de prospection pour des industriels «qui nous garantissent que ce seront des exploitations propres», explique, sceptique, l’économiste et anthropologue Jacques Weber. «Mais on sait qu’il y aura des pollutions, directes ou liées aux champs électriques des appareils».

Des prix et des titres de propriété pour protéger la mer

En réunissant scientifiques, industriels et politiques au sein de la Monaco Blue Initiative, l’Institut océanographique espère trouver un terrain d’entente entre «ceux qui veulent tout prendre et ceux qui veulent sanctuariser les grands fonds» poursuit Robert Calcagno. «Il faut réaliser des études d’impact avant d’exploiter, réfléchir à des solutions de secours en cas d’accident et envisager les scénarios catastrophe pour qu’ils n’arrivent pas».

Jacques Weber propose lui une solution comptable au problème de prise en compte de la richesse de la vie marine et de la nature en général: «Tant que les milieux naturels sont gratuits, on continuera de les exploiter. Nous devrions exiger des entreprises qu’elles provisionnent les sommes voulues pour maintenir et restaurer, le cas échéant, les écosystèmes qu’elles auraient dégradés. Il faut mettre les entreprises dans une situation où elles n’auront pas envie de payer

Jacques Weber aimerait que la France prenne des mesures exemplaires dans sa zone économique exclusive. Ailleurs, là où la mer n’appartient à personne, Robert Calcagno pense qu’il faut mettre en place des règles qu’une police de la mer internationale serait chargée de faire respecter.

Le 13 octobre dernier, l’Institut océanographique a dédié une journée à une conférence internationale sur les grands fonds. Le programme des conférences grand public de l’Institut océanographique est disponible ici et à suivre sur 20minutes.fr.

Audrey Chauvet

source= cridem.org



25/10/2011

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