La pêche artisanale se meurt

 La pêche artisanale et celle du poulpe en particulier à Nouadhibou vit une situation alarmante : des prises quasi nulles, des prix en chute libre, des centaines d’embarcations à l’arrêt des milliers de marins en chômage, des usines qui travaillent au ralenti et j’en passe d’autres effets. Comment nous en sommes arrivés là ? Comment rendre cette pêcherie rentable ? Les spécialistes du secteur ont différentes explications mais pas de solution miracle . On incrimine souvent la surexploitation des stocks, la mauvaise politique de commercialisation, le goulot d’étranglement que constitue la SMCP et les différentes administrations comme l’ex Délégation à la surveillance des pêches, l’ONISPA, les Douanes, etc… sans oublier les droits et taxes à l’exportation . Mais il ya des facteurs que beaucoup de spécialistes passent sous silence et qui me paraissent importants comme la mono pêche du poulpe ainsi que les effets des pots sur l’environnement marin côtier en particulier. 1- La pêche du poulpe par les pots a été introduite par les japonais en Mauritanie dans les années 80 du siècle dernier. Vu sa facilité, elle a été vite adopté par les nouveaux pêcheurs mauritaniens sans tradition maritime car elle est simple et ne nécessite pas de technicité particulière en plus du prix attractif du poulpe par rapport autres espèces de poissons. Il ya eu un raz de marée vers l’or bleu, des milliers d’embarcations ont été construites et des milliers de marins embarqués à leur bord, des fortunes ont été bâties. La production artisanale du poulpe a été multipliée, des nouvelles usines ont été créées. Cela a constitué une surexploitation des stocks de poulpe côtier avec des effets indésirables comme la disparition des poulpes grandes tailles et des millions de pots en plastique dans la mer dont on ignore les répercussions sur le poulpe lui même et sur l’environnement marin en général. A cela s’ajoute de nouveaux dangers comme les usines de farine de poissons dans la baie du repos et les résidus de celles ci qui sont rejetés à la mer ainsi que les forages petroliers en off shore . Il me parait urgent de trouver des solutions à court et long terme pour cette pêcherie en particulier et la pêche artisanale en générale comme : A- Mesures urgentes 1- Appliquer un quota de pêche de poulpe pour la pêche artisanale comme chez nos voisins du nord Maroc. Cela peut obliger nos pêcheurs à se reconvertir pour travailler d’autres espèces et aussi avoir une incidence sur les prix de vente par le jeu de la concurrence entre les acheteurs car le stock autorisé est limité. 2- Suspendre la taxe d’accès à la ressource pour rendre d’autres espèces attractives 3- Lever l’interdiction de l’exportation des céphalopodes en frais B- Mesures à long terme 1- Adopter un plan de développement stratégique de la pêche artisanale en concertation avec tous les acteurs 2- faire une étude des impacts des pots et autres comme les résidus des usines de farine de poissons sur l’environnement et les pêcheries en général ainsi que celui des forges en off shore (voir l’expérience des autres pays en Amérique du sud et autres) 3- Redéfinir la mission SMCP dans un environnement libéral et pourquoi ne pas libéraliser les exportations. SMCP peut devenir à l’instar de SGS une société de services qui offrent des services d’expertise à la demande des clients comme inspection des produits, assistance aux acheteurs à l’embarquement, transit, promotion ,etc. …, 4- Etudier aussi l’expérience des pays voisins comme le Maroc et le Sénégal qui sont beaucoup appréciés par les acheteurs par rapport à nous. 5- Négocier des tarifs de fret avec les compagnies maritimes pour rendre nos produits concurrentiels vers les principales destinations comme l’Europe, Japon, Chine et Afrique de l’Ouest. Ceux sont quelques pistes de réflexion qui je crois entre autres permettront de faire de la pêche artisanale une locomotive pour le développement et le plein emploi. Aux pouvoirs publics et acteurs de la pêche de trouver les solutions appropriés pour ne pas briser la vie de milliers de citoyens qui vivent de l’exploitation des ressources de la mer.

Mohamed Ghoulam ould Beye Tel +222 22401214 Nouadhibou Mauritanie

source

http://www.cridem.org/C_Info.php?article=641214



17/04/2013

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