La Russie inculpe de piraterie les militants de Greenpeace

La Russie inculpe de piraterie les militants de Greenpeace

Moscou - La justice russe a prononcé mercredi de premières inculpations pour piraterie, un crime passible de 10 à 15 ans de prison, à l'encontre des trente militants deGreenpeace arrêtés après une action contre une plateforme pétrolière dans l'Arctique

L'association écologiste a aussitôt dénoncé une décision irrationnelle, destinée à intimider et à réduire au silence. 

Vers la fin de l'après-midi mercredi, quatorze membres de l'équipage du bateau de Greenpeace - quatre Britanniques, une Brésilienne, le Suédo-Américain d'origine russe Dmitri Litvinov, une Finlandaise, une Argentine, deux Néerlandais, un Polonais, deux Russes et un Ukrainien s'étaient vus inculpés de piraterie en bande organisée. 

Ce chef d'inculpation est passible en Russie de peines de 10 à 15 ans de prison.

Aussi absurde qu'abominable

Kumi Naidoo, directeur exécutif de Greenpeace International, a dénoncé des accusations qui représentent une atteinte au principe même de la protestation pacifique.

Toute affirmation selon laquelle ces militants sont des pirates est aussi absurde qu'abominable, a-t-il déclaré dans un communiqué.

Il a répété qu'il s'agissait de la menace la plus sérieuse contre l'activité pacifique de l'association depuis l'épisode du Rainbow Warrior, coulé en 1985 dans leport d'Auckland (Nouvelle-Zélande) par les services secrets français, alors qu'il faisait campagne contre les essais nucléaires menés en Polynésie, une opération qui avait fait un mort dans l'équipage.

Trois décennies plus tard, les militants de l'Artic Sunrise se sont élevés contre l'industrie pétrolière, et ils risquent maintenant une longue peine dans une prison russe, a-t-il ajouté, lançant un appel à l'opinion publique mondiale pour qu'elle réclame la libération des militants.

Au niveau gouvernemental, seuls les Pays-Bas - le navire de Greenpeace, l'Artic Sunrise, battait pavillon néerlandais - ont pour l'heure pris position publiquement et demandé qu'ils soient relâchés.

Le ministère français des Affaires étrangères, interrogé lors d'un point presse àParis, a indiqué mercredi que les ambassades des pays concernés étaient en train de se concerter sur le sujet.

Un responsable de l'association, Ivan Blokov, a de son côté indiqué à l'agenceRia-Novosti qu'elle pourrait se tourner vers la Cour européenne des droits de l'homme si tous les recours devant la justice russe échouaient.

Les membres de l'équipage, parmi lesquels figurent quatre Russes et 26 ressortissants de 17 autres pays - dont six Britanniques, deux Canadiens, un Américain et un Français - ont été placés en détention à Mourmansk (nord-ouest) et dans sa région à la suite de l'arraisonnement le 19 septembre en mer deBarents (Arctique russe) de l'Arctic Sunrise par un commando héliporté des gardes-côtes russes.

Auparavant, plusieurs d'entre eux avaient tenté d'escalader une plateforme pétrolière du géant russe Gazprom pour en dénoncer le risque écologique.

Le Comité d'enquête russe avait alors indiqué avoir ouvert une enquête pour piraterie.

Les militants ont nié ces accusations, et accusé la Russie d'avoir arraisonné illégalement leur bateau dans les eaux internationales.

Poutine ni juge ni avocat

Le président russe Vladimir Poutine avait reconnu la semaine dernière, devant une conférence internationale, que les militants n'étaient pas des pirates.

Même si le président russe avait souligné que les militants avaient néanmoins enfreint le droit international, ces déclarations avaient soulevé les espoirs d'une révision à la baisse des accusations portées contre Greenpeace.

Interrogé par l'AFP mercredi, le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov, a souligné que celui-ci n'avait fait qu'exprimer son opinion personnelle.

Il n'est ni enquêteur, ni procureur, ni juge, ni avocat, a ajouté le porte-parole.

Pour Alexandre Morozov, rédacteur en chef du site Rousski Journal, la sévérité des accusations est liée au fait que le Kremlin est persuadé qu'un +complot mondial+ se joue derrière les actions de Greenpeace.

Les autorités russes pensent qu'il ne s'agit pas de société civile, mais de manigances de la CIA, que c'est une +commande+, a-t-il déclaré à l'AFP.

Tatiana Lokchina, de l'antenne moscovite de l'ONG Human Rights Watch, a dénoncé une histoire kafkaïenne.

Nous avions l'impression qu'à l'approche des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi, le pouvoir russe faisait des révérences face à l'opinion publique occidentale, a-t-elle déclaré. Mais dans cette affaire, la volonté d'effrayer a surpassé le reste.

bur-edy/lpt/ide

GAZPROM

 



03/10/2013

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