Les Imraguens

 : Un don du ciel. Aucun autre Parc national ouest-africain n’est comparable en termes de superficie et de contribution à la sauvegarde de la biodiversité à l’échelle planétaire. A lui seul, il couvre une superficie double de l’ensemble des autres aires marines et côtières protégées couvertes par le PRCM (Sierra Leone, Guinée, Guinée-Bissau, Cap Vert, Gambie, Sénégal et le Diawling en Mauritanie). Il c’est le Parc National du Banc d’Arguin (PNBA) Crée le 24 juin 1976 par décret 76-147, le PNBA couvre 1’200’000 ha. Carrefour biogéographique de première importance abritant quelques deux millions d’oiseaux migrateurs pendant la période d’hivernage, le caractère exceptionnel du PNBA lui a valu d’être successivement classé site Ramsar en 1982, puis Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1989. Le PNBA est aussi le lieu de vie permanent des pêcheurs Imraguen (environ 1’200 personnes) fixés dans les 9 villages côtiers Agadir Iwik, Mamghar, R’Gueiba, Arkeiss, Teichott, Tessot, Ten-Alloul, Awguej)et des éleveurs de dromadaires occupant de manière discrète la partie continentale depuis plusieurs siècles. Le PNBA appartient à la Wilaya de Dakhlet Nouadhibou, Moughataa et Commune rurale de Nouâmghar. A l’image des autres régions du pays, la vie des populations du PNBA, regroupées en entités sociales et spatiales, reste fortement marquée à la fois par une structure d’ordre traditionnel, et par une structure de type politico-administratif intégrant ces groupes sociaux à l’ensemble mauritanien. La population du PNBA connaît une organisation de type patriarcal et patrilocal où prévalent l’endogamie de caste mais aussi la solidarité familiale et l’esprit communautaire matérialisé par le droit d’aînesse, la constitution d’équipes d’activités formées autour des liens de sang ou de mariage. Dans ces communautés, la coordination et la responsabilité des affaires de l’entité villageoise ou du campement sont, le plus souvent, attribuées à une personne choisie par la Jemaâ parmi les plus âgées et en qui toute la communauté voit un guide. La population du PNBA est estimée à 1’500 habitants et comprend essentiellement deux communautés. Une communauté d’éleveurs et une constituée par des pêcheurs, communément appelés Imraguen et caractérisés par la maîtrise d’une pêche à pied, très élaborée, décrite pour la première fois au XVème siècle. Depuis les années 1930, ils utilisent des bateaux canariens à voile latine appelés lanches. Une pêche mesurée. Les populations résidant dans le Parc sont les seules autorisées à pratiquer une exploitation contrôlée des stocks halieutiques dans la réserve protégée où l’utilisation de bateaux à moteur est strictement interdite. Les Imraguen pratiquaient une pêche traditionnelle à pied, avec des « filets à épaule » et souvent en collaboration avec les Dauphins, principalement pour la capture du Mulet jaune. Ils continuent à pratiquer cette pêche dans les vasières du Parc, mais sans l’appui des Dauphins. Les mulets sont pêchés en partie pour le prélèvement des oeufs, destinés principalement à l’exportation et bien connus autour de la Méditerranée sous le nom de « poutargue ». Les carcasses de mulet sont vendues sur place ou dans les pays voisins. L’activité de pêche avec des filets maillants de plus grande taille s’est beaucoup développée ces dernières années. Elle est pratiquée à partir de lanches à voile latine, embarcations introduites au début du siècle par des pêcheurs canariens. Cette pêche opportuniste pose de sérieux problèmes, entre autre, aux populations de raies et requins compte tenu de leur cycle reproducteur particulier et des importantes concentrations de femelles gravides et de juvéniles dans le PNBA. Le ciblage de ces espèces a été interdit d’un commun accord avec les pêcheurs. Même si officiellement, elles ne sont plus qu’accessoires, les captures de sélaciens sont toujours très importantes, voire en augmentation pour certaines espèces. Des tonnages importants de sélaciens sont débarqués à l’occasion d’autres pêcheries dirigées sur des poissons osseux. L’exploitation des poissons chat, des Tilapias, des Mulets et d’autres espèces comme la Courbine demande également à être réglementée à l’intérieur comme à l’extérieur du Parc où les bateaux de pêche capturent des tonnages importants à l’aide de filets tournants. Enfin, en dehors du Parc, les chaluts de fond raclent le sol et détruisent des écosystèmes, affectant ainsi, parfois de façon irréversible, la biodiversité marine et côtière, indispensable à la survie de la pêche et des populations de pêcheurs. La pêcherie Imraguen est suivie quotidiennement aux débarquements par l’IMROP. Celui-ci a déployé des enquêteurs dans tous les villages du Parc qui agissent en étroite collaboration avec les agents PNBA sur place. Les résultats de ces enquêtes permettent de suivre l’activité halieutique de la flottille de lanches. Après exploitation scientifique, ils servent de base à la négociation des règles de gestion de la ressource entre le PNBA et les pêcheurs Imraguen. Le Parc abrite 60% des fonds sous-marins les plus productifs de la ZEE de Mauritanie et comprend un des plus importants complexes d’herbiers marins et de vasières de la planète. Son importance économique en tant que zone de nurserie et de reproduction pour plusieurs espèces halieutiques clés de la flottille industrielle internationale. Autres activités menées dans le parc Les femmes Imraguen sont très actives dans la transformation des produits de la pêche et cela constitue leur principale activité génératrice de revenu. La transformation concerne particulièrement le mulet jaune, mais d’autres espèces de la famille des Cichlidae (Tilapias) et des Sparidae (Sars et Daurades) prennent une importance croissante dans le cadre de cette activité. Les oeufs de mulets jaunes sont salés et séchés de manière traditionnelle (poutargue), la chair est salée et séchée (tishtar) et une méthode spécifique aux Imraguen permet d’extraire une huile appelée localement « dhên ». L’activité pastorale constitue un enjeu majeur pour la durabilité de l’écosystème continental d’autant plus que la route bitumée Nouakchott-Nouadhibou et le forage de huit points d’eau provoquent une concentration des troupeaux et une multiplication des campements nomades à proximité immédiate des limites. Le PNBA a développé l’écotourisme sur son territoire depuis 2000. Cette nouvelle activité a été introduite pour d’une part, valoriser, faire découvrir et contribuer à la conservation de ce patrimoine mondial, et d’autre part, pour appuyer l’émergence d’une activité économique alternative à la pêche (diminution de la pression sur les ressources halieutiques), pour favoriser l’emploi et générer des revenus dans la communauté Imraguen surtout les femmes. Le PNBA a institutionnalisé la mise en place de campements touristiques communautaires et/ou privés au sein des villages. Ces campements sont essentiellement tenus par les femmes. Les retombées financières sont partagées entre la coopérative et les femmes qui travaillent dans cette activité. Les produits et services touristiques sont limités aux locations de tentes et sorties en lanches pour découvrir le milieu marin, à la pêche « sportive » non-intensive et à quelques timides produits artisanaux. Comment y accéder ? Pour entrer au PNBA le visiteur est soumis à une taxe de visite qui s’élève actuellement à 1’200 MRO par personne et par nuitée. L’hébergement se fait exclusivement au sein des campements communautaires et/ou privés. La saison touristique s’étend surtout d’octobre à avril, mais les campements sont potentiellement fréquentables tout au long de l’année. Le nombre de visiteurs du PNBA répertoriés demeure encore relativement faible (aux environs de 2’000 visiteurs par an). Une évaluation régulière a permis d’estimer un total de 2’580 visiteurs pour la campagne 2007-2008. La surveillance maritime de la RSCB est assurée par des missions effectuées par les agents du PNBA (Département Opérationnel Nord) conjointement avec la Délégation pour la Surveillance des Pêches et du Contrôle en Mer (DSPCM). Les activités de conservation et de gestion de la zone terrestre sont entièrement mises en oeuvre par le personnel du PNBA (4 agents du PNBA / un véhicule tout terrain).

Dialtabé

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10/11/2011

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