Les pêcheurs calaisiens, victimes d’une cessation de paiementles
Les pêcheurs calaisiens, victimes d’une cessation de paiementles pêcheurs du port de Calais ne peuvent plus livrer leurs poissons à la coopérative maritime étaploise (CME). Le mareyeur, qui s’est présenté au tribunal de commerce de Boulogne, connaît de profondes difficultés économiques. Au point que les chèques dus aux pêcheurs n’ont pu être honorés. - A + Le Cap aux Anges vient d’accoster dans le port de Calais. Les pêcheurs déchargent des coffres de roussettes du chalutier. Leur grosse saison, celle des soles, vient de se terminer. « Mars-avril, ça représente 60 % du chiffre d’affaires », évalue Jules Castille, patron de cinq salariés. Le pêcheur, comme cinq bateaux calaisiens sur neuf, livre son poisson à Boulogne à la coopérative maritime étaploise (CME) qui a, là-bas, son usine de transformation du poisson. Sauf que « deux chèques de la CME que j’ai déposés n’ont pas été honorés par la banque », rapporte Jules Castille, payé par la CME tous les quinze jours. Comme lui, une trentaine de pêcheurs et de matelots sont victimes d’une cessation de paiement de la coopérative en raison de ses difficultés économiques. Depuis 2005, la CME enregistre un déficit, il a atteint 1,3M € en 2008. « On a su il y a trois semaines qu’ils passaient devant le tribunal de commerce. On avait appelé le directeur qui nous a dit qu’il n’y avait pas de problème pour continuer à livrer. Et lundi, on a appris qu’on ne pouvait plus livrer car des scellés avaient été posés sur leurs frigos », raconte Pascal Hamy, posé au café du Minck après une matinée de pêche, et plutôt inquiet. De même que Jules Castille, il prend sur sa paye pour verser les salaires de ses quatre matelots. « Si nous ne recevons rien du mois d’avril, nous y laisserons des plumes, voire l’entreprise », craint-il. « Et si rien n’est fait dans quinze jours, on est mort, terminé ! », confirme Jules Castille. S’ils sont aussi alarmistes, c’est parce que les chèques impayés sont les plus gros de l’année. « Nous n’avons pas encore chiffré la totalité, car on attend encore des retours de chèques mais ça peut se compter en dizaine de milliers d’euros pour les six bateaux », estime José Huleux, président des artisans de pêcheurs de Calais depuis 1980. En mars-Avril, les artisans partent en mer pêcher la sole. « C’est une période primordiale pour bâtir notre fonds de roulement, cela nous permet d’acheter le matériel, de faire des économies pour remédier à une avarie », indique Pascal Hamy. À cela s’ajoute un retard des périodes de pêche dû au mauvais temps : les pêcheurs devaient commencer le 15 février, certains n’ont pu mettre leur bateau à l’eau qu’un mois après. Plus loin, Xavier Martin et un matelot ramènent les caisses de poissons dans l’aubette. « L’avantage avec la CME, c’est qu’on pouvait leur livrer toutes sortes de poissons alors que les petits mareyeurs sont souvent spécialisés dans une espèce. » Son fils, Josse Martin, 31 ans, a repris son affaire. Xavier Martin est devenu salarié, il a vendu son bateau. « Parce que j’en voulais un plus gros, c’est le Mirlou IV », s’enthousiasme Josse Martin. Les traits de son visage s’obscurcissent. « C’est un coup dur pour nous, cela fait un trou dans la trésorerie, ce sera difficile à remonter. » Le gasoil et les charges représentent selon lui un quart du chiffre d’affaires. « La situation des pêcheurs de Boulogne et d’Étaples est pire que la nôtre parce qu’ils dépendaient de la CME pour le matériel ou le gasoil », souligne Xavier Martin. À Calais, les pêcheurs ne sont pas adhérents à la CME, ils dépendent d’elle seulement pour la vente. « Trouver quelqu’un pour vendre son poisson, ça n’est pas un problème, vous trouverez toujours », rassure Jules Castille. En attendant les suites à donner pour la CME, la criée de Dunkerque a accepté de récupérer la marchandise des six bateaux calaisiens.
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