Il est sans doute plus réservé que son père, mais tout aussi tenace dans les affaires. Alan Le Venec, fils d'Alain, a repris l'entreprise en 2010. Le magasin de marée jaune de l'anse du Lin. Avec déjà un projet d'extension en passe d'être achevé. 450 m2qui vont venir s'ajouter aux 1 300 m2 qui abritent aujourd'hui les ateliers et les bureaux.

« Les travaux ont commencé début juin, avec un peu de retard, indique Alan Le Venec. Ils devraient être achevés en fin d'année. » Dans ces 450 m2, 200 m2 seront transformés en ateliers et 150 m2 serviront aux trois nouvelles chambres froides. Mais surtout, ce nouvel espace permettra d'accueillir une poissonnerie de 40 m2, dont la façade sera recouverte de bois et qui donnera sur le parking de l'anse du Lin. Une poissonnerie qui pourrait ouvrir ses portes au printemps, le matin et en fin d'après-midi. « Je prends mon temps, reprend-il. Je veux que les choses soient bien faites. La poissonnerie, ce n'est pas mon coeur de métier. La priorité, pour l'instant, c'est le mareyage. »

À terme, cette nouvelle extension, qui « améliorera les conditions de travail du personnel », devrait permettre l'embauche de deux personnes pour la poissonnerie et « de cinq à dix personnes pour les ateliers de marée. Des gens compétents et formés », insiste-t-il. Des embauches qui inquiètent déjà Alan Le Venec, échaudé par la tentative des patrons mareyeurs, en 2011, de former des employés de marée, « introuvables » selon lui aujourd'hui.

Une perle rare

« C'est un problème récurrent depuis quelques années, déplore-t-il. En 2011, avec le Centre européen de formation continue maritime et pôle emploi, on avait lancé l'idée de former du personnel compétent, à raison de trois sessions étalées sur plusieurs mois. » 36 personnes avaient suivi cette formation pour devenir employé de marée, avec un diplôme à la clé. Et un savoir-faire dans la reconnaissance des variétés de poissons et la mise en filets.

« Aujourd'hui, sur les 36 personnes qui ont commencé une formation, seules quatre travaillent dans des magasins de marée dont une chez moi, se désole-t-il. Les autres ont abandonné en cours de route, ou, une fois leur diplôme obtenu, n'ont pas voulu poursuivre dans la voie. »

Comme pour les marins, dont le recrutement devient de plus en plus difficile, l'employé de marée devient une perle rare, selon lui. Pointée, la pénibilité du métier. Le froid, l'humidité, les horaires difficiles en font reculer plus d'un.

« On parle pénibilité mais les conditions de travail ont beaucoup évolué depuis vingt ans », contrecarre Alan Le Venec. Et puis, selon lui, le métier n'est pas près de disparaître. « On a l'impression que le port de Concarneau est mort, mais l'activité n'a jamais été aussi intense. En 1970, il y avait 300 employés de marée pour 57 entreprises à Concarneau. Aujourd'hui, il y en a autant mais pour une quinzaine de magasins de marée. Il faut trouver la bonne mutation. Et les mareyeurs, aujourd'hui, ont plein de projets. »

Catherine GENTRIC
 
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