senegal societe civil et peche se mobilise contre chalutiers russe


Sénégal: société civile et secteur pêche se mobilisent contre l'octroi de 22 licences de pêche à des chalutiers russes

Au cours d'une conférence de presse tenue ce 17 mars à Dakar, des représentants des organisations professionnelles de la pêche maritime sénégalaise, industrielle et artisanale, ainsi que des syndicats et organisations de consommateurs, ont dénoncé la présence dans les eaux sénégalaises de navires de pêche russes ciblant les petits pélagiques: 'Ces navires dont les licences auraient été officiellement refusées, exercent tranquillement leurs activités de pêche, de jour comme de nuit, sans être arraisonnés, ni même inquiétés...', explique un communiqué du Gaipes (Groupement des armateurs et des industriels de la pêche du Sénégal). Ces chalutiers pélagiques côtiers avaient déjà pêché dans les eaux sénégalaises de Mars à Mai 2010, ce qui avait mobilisé tout le secteur, industriel et artisan, car les autorisations de pêche avaient été délivrées dans des conditions totalement illégales, opaques et inopportunes. Cela avait empêché la régularisation de cette pêche illégale. Mais aujourd'hui, dénonce ce communiqué, une décision a été prise d’autoriser 22 de ces chalutiers pélagiques à pêcher dans les eaux sénégalaises, ce qui va mener au pillage des ressources: 'En effet, ces mastodontes de 100 m de long vont cibler les pélagiques côtiers (sardinelles, chinchards, maquereau), qui constituent l’alimentation de base des populations sénégalaises en protéines animales et jouent un rôle central dans la chaîne alimentaire et l'éco-système marin... ces navires sont équipés d’engins de pêche pouvant aspirer toute la flore animale et végétale. Avec un système de pêche aussi destructeur et ravageur, ce sont toutes les ressources qui seront capturées, pour devenir soit des produits transformés ou congelés, soit de la farine ou de l’huile de poisson'.

Le communiqué souligne que des évaluations de l’Institut National de Recherches halieutiques, le CRODT, montrent que ces stocks de petits pélagiques sont surexploités, et le CRODT recommande une réduction d’au moins 50% de l’effort de pêche sur ce stock: 'Malheureusement, au lieu de cela, on assiste à l'introduction de 22 navires représentant au total près de 200.000 tonneaux de jauge brute (TJB), soit 15 fois la capacité de toute la flotte industrielle sénégalaise. Selon les informations disponibles, ces bateaux pourraient pêcher près de 300 000 tonnes de petits pélagiques. La contrepartie financière serait de 17 FCFA par  kilo, soit près de 5 milliards FCFA au total. Or, le prix du poisson pêché est estimé au minimum à 400 FCFA le kilo, on aura un manque à gagner total de 115 milliards de FCFA, qui échapperont au Sénégal. De plus, dans ce type d’opération, il est généralement admis que 30 % de la valeur des captures sont réservées à la partie qui donne les licences de pêche, ce qui représenterait 36 milliards de FCFA - or le schéma retenu n'apporte 5 milliards pour le trésor public.... ' Le communiqué rappelle que le Gouvernement sénégalais, dans le cadre de la définition des différentes politiques de promotion d’activités économiques, a retenu les produits de la mer comme un secteur créateur de richesse. Cette démarche unilatérale d'octroi de licences à ces bateaux russes risque, si elle est maintenue, d’enlever tout sens et crédibilité aux plans d’actions gouvernementaux.



17/03/2011

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